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23/05/2013
Sujet 22:
Tout comprendre sur : "L'enseignant"



Les enseignants sont de gauche! les profs sont de gauche! les instits sont de gauche!

On entend souvent poser ces affirmations tout comme on entend dire que les patrons sont de droite...
Mais de telles "vérités" méritent une analyse plus fine!
Bien évidemment, les enseignants ne sont pas TOUS de gauche... Par cette affirmation, on veut donc regretter qu'ils le soient plus qu'ils ne le devraient... "qu'ils ne devraient" voilà toute la question!
J'espère vous convaincre qu'il n'en est rien, bien au contraire... ils devraient être encore plus de gauche!
Pour ça, je vais développer quelques arguments
1) le mode de recrutement
2) la féminisation
3) l'origine sociale
4) la carrière et les salaires
5) la confrontation au "vrai" monde
6) la solidarité
7) le contexte politique

1) le mode de recrutement
Certains "chefs" aimeraient sans doute recruter des profs à leur gout, mais voilà... en France ça n'existe pour ainsi dire pas! Pour devenir prof, il faut des diplomes... les mêmes (ou presque) pour tout le monde! Et pire encore, une grosse partie des enseignants est recrutée par voie de concours... c'est à dire que les diplômes ne suffisent pas, il faut en plus prouver qu'on est meilleur que le voisin... Ces concours sont ouverts à tous, et les évaluations se font sur des critères discutables (et discutés) certes, mais sur des critères connus, relativement transparents... Ca donne évidemment aux enseignants une certaine confiance en leur légitimité, et une indépendance d'esprit certaine... que n'ont évidemment pas les gens recrutés par piston, par cooptation ou sur CV manuscrit avec étude graphologique, etc... Du coup, ce mode de recrutement pousse plutot vers la gauche que vers la droite...

2) la féminisation
Il n'est un secret pour personne que si, en 1958, une forte proportion des profs était constituée d'hommes, la situation a beaucoup évolué depuis. Je préfère ne pas épiloguer sur les raisons de cette évolution, mais seulement observer que celles des femmes qui optent pour cette carrière, ont souvent bénéficié d'une formation "normale" et avaient vocation à entrer dans le monde du travail "ordinaire" et elles y entrent souvent, avec les deceptions liées au fait qu'elles n'y sont bien souvent pas acceptées au rang qu'elles méritent... Ce sont donc les plus rebelles, les plus éprises de justice, qui acceptent de se remettre aux études pour échapper aux contraintes des emplois qu'elles occupent en choisissant l'enseignement qui pour elles, signifie la liberté.

3) l'origine sociale
Il se dit partout que les polytechniciens fabriquent des polytechniciens... Si c'est à nuancer un peu, on doit cependant reconnaitre que dans l'ascencion sociale, les "prolétaires" et les classes moyennes rêvent (comme tout un chacun) que leurs enfants réussissent... et pour eux, souvent, la réussite, c'est devenir prof! Et comme "les chiens ne font pas des chats", les enfants de parents modestes sont plus facilement séduits par les idées généreuses de gauche, plus que par les idées généreuses de droite...

4) la carrière et les salaires
Comme vous le savez, les enseignants sont tous des salariés et donc la population à prendre en référence n'est pas celle des petits artisans et commercants, celle des agriculteurs, celle des rentiers et actionnaires, celle des chefs d'entreprise, etc... mais est celle des salariés. Or parmi les salariés, les enseignants sont de loin les plus diplomés alors qu'ils ne sont pas pour autant parmi les mieux payés! Il est vrai que ça n'est pas le salaire qui motive particulièrement pour embrasser cette carrière... Au contraire... il y a un peu plus de vocation théatrale que de cupidité. Un prof qui se trouve devant sa classe de bambins hyper-actifs ou d'étudiants sur-doués a plus de points communs avec un acteur qu'avec un "gratte papier"... tension nerveuse, absence de droit à l'erreur, obligation de tenir le timing, etc... C'est d'ailleurs cette observation qui fait que le plus important pour un enseignant, c'est plus le temps de présence devant les élèves que le temps global de travail... Le plus important est donc de transmettre du savoir, de l'éducation et quelques autres petites choses qui n'ont pas vraiment de "valeur marchande", alors les rapports avec l'argent ne sont forcément pas les mêmes que quand on travaille dans un commerce ou dans une banque... Ce genre d'attitude ne pousse évidemment pas vraiment vers la droite.

5) la confrontation au "vrai" monde
C'est un lieu commun que de dire que chacun vit dans une bulle constituée de sa famille, de ses amis et de ses relations de travail. Les restes du monde sont vus au travers des médias, donc vus au travers d'un prisme déformant assez peu fiable. Or justement... les relations de travail d'un prof sont à 20% les collègues, et à 80% les élèves (et je suis assez large avec 20% ) Donc les profs sont confrontés en direct avec le vrai monde, sans le filtre des médias. Les élèves sont le miroir des vrais gens. Bien sûr il faut nuancer suivant les quartiers... mais même ainsi... les profs voient des vrais enfants de pauvres et de vrais enfants de riches... donc de vraies inégalités, et les vraies conséquences des choix politiques des gouvernants. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner de constater que ces observations poussent plutôt vers la gauche que vers la droite

6) la solidarité
Quelles que puissent être les origines d'un enseignant... une fois dans un établissement scolaire, un prof est baigné dans une structure plutôt plus solidaire qu'ailleurs... en tous cas au niveau des "institutions". La MGEN, la MAIF, feu la CAMIF, le GCU, l'UCPA, la CASDEN... toutes ces structures sont des structures mutualistes qui mettent en avant la solidarité, qui ne mettent pas en avant l'individualisme ou le "chacun pour soi". Alors, bien sûr, chacun use ou n'use pas de ces mutuelles, mais le ton est donné, et influence forcément un peu chacun des citoyens concernés... d'ailleurs les institutions de droite ne s'y sont pas trompées qui font tout leur possible pour massacrer ces mutuelles et coopératives au prétexte qu'elles ne satisfont pas aux règles sacro saintes de la concurrence libre et non faussée alors même que toutes les sociétés du CAC40 font tout, à coups de filiales exotiques, pour ne pas rentrer dans cette fiction que constitue ce carcan de dogme illusoire!

7) le contexte politique
Ne parlons pas de ce qui s'est passé avant 1958 avec cette IVème république vouée aux gémonies... Ne tablons que sur la Vème qui en 55 ans a vu passer pendant environ 40 ans des présidents de droite, de même pour les premiers ministres, alors que les présidents de gauche n'ont pointé à l'Elysée que pendant une 15aine d'année, de même pour les premiers ministres. Les formations universitaires et les diplômes mettent en valeur l'esprit critique, les profs sont donc enclins à analyser l'action gouvernementale, qu'elle soit de droite ou de gauche, et à la trouver inadaptée à la situation... chaque passage de la gauche voit donc augmenter le nombre de profs de droite, chaque passage de la droite voit augmenter le nombre de profs de gauche... la droite n'ayant à aucun moment, pendant ces 40 ans, envisagé de modifier peu ou proue les conditions de l'enseignant de base, alors que nombre de salariés du public ou du privé, ont vu leur statut évoluer de manière significative pendant ces 55 ans. Cet élément, là encore, pousse plus vers la gauche que vers la droite...

Conclusion.
Sans avoir la prétention d'être exhaustif, avec tous ces éléments, j'espère cependant vous avoir convaincu(e)s que les enseignants sont en vérité plus de droite qu'ils ne pourraient l'être!


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